Nous voici à la fin de l’année 2014, nous avons répondu au cours des dernières décennies à des dizaines, que dis-je, à des centaines de questions. Nous avons vu exploser les nouveaux moyens de communications et de transports dont la téléphonie aussi bien fixe que mobile, l’invention du TGV, les avions à réaction dont le tristement célèbre Concorde, la télévision, les télescopes dont Hubble, nous sommes allés sur Mars, sur une comète et tant de choses encore qu’il est impossible de faire la liste de tous les progrès, et c’est un euphémisme, de toutes ces révolutions. J’ai omis volontairement une des plus grandes révolutions de ces dernières décennies, Internet.
Internet dont les balbutiements se sont transformés en quelques années en une immensité de données, divertissements, sources de conflits, qui n’a probablement d’égal que l’immensité de notre univers. Internet est devenu un média à part entière, avec ses propres combats, voire mêmes ces guerres numériques.
Internet est probablement la plus grande révolution que nous ayons jamais connue. Internet a réduit la course de la vitesse des moyens de transports comme les voitures, les trains, les avions à de simples progrès dont on parle brièvement. Pour exemple, je prendrai la prouesse des chemins de fers japonais qui ont réussi grâce à la sustentation magnétique le 15 Novembre 2014 à propulser un train à plus de 500km/h (http://www.bbc.com/news/world-asia-30067889). Il a existé et il perdurera des records de vitesses pour les trains, les avions et tous les transports de masse. Mais cette vitesse est ridiculement petite face à celle d’internet. C’est la leçon que l’on peut retenir de Jean Louis Servan—Schreiber lors de sa présentations TEDx Paris 2011, dans « Les quatre paradoxes de la vitesse » (http://www.tedxparis.com/jean-louis-servan-schreiber-les-quatre-paradoxes-de-la-vitesse/). Nous ne battons plus des records de vitesse, nous sommes désormais dans le monde de l’immobilisme.
Les informations sont à portée de doigts grâce à nos smartphones, les commandes de biens se font par internet dans des mesures de plus en plus grandes. Rien qu’en 2013, 8 français sur 10 avaient commandé tout ou partie de leurs cadeaux de fêtes de fins d’années sur internet (http://www.fevad.com/espace-presse/bilan-de-noel-satisfaisant-pour-les-e-commercants-et-les-cyberacheteurs). Les courses dans un supermarché sont devenues quasiment obsolètes grâce à la création des « drive ». E.Leclerc leader sur le marché du drive a réalisé en 2013 plus de 1,47 Milliards d’euros de chiffre d’affaire grâce au drive. (http://www.lsa-conso.fr/leclerc-tire-par-ses-drives-en-2013-prudent-pour-2014,162199). Même si le secteur pressent un essoufflement des drives avec une croissance entre 4% et 5% pour cette année 2014, il n’est clairement pas question de fermer ce nouveau mode de consommation.
On note également que les leaders du marché comme Amazon ou Cdiscount proposent depuis quelques temps déjà des abonnements pour des livraisons en illimités. Aux états Unis Amazon propose même de faire vos courses de produits frais directement pour vous en fonction du stock de votre frigo (http://fr.reuters.com/article/companyNews/idFRL5N0R55N420140904). Le chiffre d’affaire prévisionnel du e-commerce pour 2015 donne le tournis en présentant aisément une perspective de plus de 72 000 000 d’euros. Pour vous montrer la démesure de ce chiffre, celui-ci équivaut à 10% du PIB Mondial ! (http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_nominal).
Mais internet a également permis une chose encore plus puissante, le partage du savoir. Des dizaines de milliers de sites internet existent traitant un sujet, ou un corpus de sujets, qui ne sont plus considérés aujourd’hui comme des sources de spéculations mais comme de véritables sources fiables. Certes il faut toujours se « méfier » de ce qu’on trouve sur internet et nous y reviendrons, mais prenons l’exemple de Wikipédia. Dan Pink a présenté une conférence TED en Juillet 2009, où il expose ce qui nous motive véritablement (http://www.ted.com/talks/dan_pink_on_motivation) il y prend notamment comme exemple Encarta de Microsoft développé dans les années 1990 contre Wikipédia un modèle gratuit sans rémunération juste enrichi par des personnes qui le veulent. Outre les aspects de motivation dont on pourrait parler très longuement ce qui nous intéresse ici c’est la source de savoir que représente Wikipédia mais aussi tous les projets de la Wikimédia Foundation. Non encore une fois Wikipédia n’est probablement pas la source universelle du savoir mais cette encyclopédie permet à n’importe qui, tout du moins presque n’importe qui, d’accéder à des informations qu’ils n’auraient probablement jamais pu avoir autrement. Prenons pour preuve de cette révolution l’illustre encyclopédie Universalis, qui a déposé le bilan cette année face à la concurrence de Wikipédia (http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/11/22/universalis-en-depot-de-bilan_4527730_3234.html).
Internet a permis encore plein d’autres choses comme le financement participatif (Crowdfunding en anglais) avec la réussite de projets aussi bien musicaux, que médicaux ou encore sociaux. Prenons là encore un exemple, Zach Braff réalisateur de Garden State, personnage principal de la série Scrubs, a réussi à lever plus de 2 millions de dollars pour la réalisation de son prochain film (http://www.disko.fr/reflexions/user-experience/reussites-et-echec-du-crowdfunding/). Bien d’autres projets ont réussi grâce à ce système, certains ont certes fatalement échoués, mais nous sommes ici tout à chacun acteur de la réussite des autres. La donne change réellement.
Dans la droite lignée du financement participatif, on retrouve de nouveau grâce à internet, l’économie participative, c’est ce que nous présente en partie Diana Filippova dans une conférence TEDx à Paris en octobre 2014 (http://www.tedxparis.com/lengagement-citoyen-face-au-mythe-du-plein-emploi/). Cherchant à nous faire prendre conscience de la possibilité de l’obsolescence des êtres humains si nous restons dans notre démarche actuelle.
Comme vous l’avez remarqué j’ai énormément cité de conférences TED (http://www.ted.com/) ou TEDx (http://www.ted.com/watch/tedx-talks) qui sont à peu de choses près similaires. C’est à mon sens aussi une nouvelle révolution d’internet en une dizaine de minutes une personne vous sensibilise à un point particulier de sa vie ou à son point de vue. Loin des discours moralisateur de nos têtes pensantes ce partage d’idées est probablement une des plus belles choses qu’internet puisse nous offrir, car il y’a un réel partage de la pensée et des émotions des présentateurs.
Mais je dois également parler des chaînes de vidéos sur internet, et plus précisément des chaines pédagogiques, de vulgarisations scientifiques, de découvertes aussi farfelues soient elles, que d’analyse cinématographique et j’en passe, qui permettent à tous de profiter du savoir et du ressenti des autres dans un format abordable avec l’aide d’animation, d’illustration, d’analogie, de blagues etc… On peut en citer des dizaines, mais si vous êtes purement francophone, voici un petit florilège :
- Scientifique : https://www.youtube.com/user/epenser1
- Cinématographique : https://www.youtube.com/user/deadwattsofficiel
- Internet : https://www.youtube.com/user/MrAntoineDaniel
- Cabinet de curiosité : https://www.youtube.com/user/Axolotblog
- Sexualité : https://www.youtube.com/user/pouhiou
- Histoire : https://www.youtube.com/user/notabenemovies
- Philosophie : https://www.youtube.com/user/DanyCaligula
Forcément Internet à un revers à sa médaille, sa puissance, sa flexibilité, sa rapidité, permet à des personnes malintentionnées de profiter du système, que ce soit par le phishing (faux mail de votre banque par exemple), par des sites de vente en ligne qui disparaissent, ou encore des sites d’échanges pédophiles qui sont difficiles à traquer dans cette immensité. Je ferai l’impasse sur le « piratage » vidéo et audio que nous pourrions évoquer dans un livre entier. Ce n’est pas que le sujet ne vaut pas la peine d’être traité, bien au contraire mais que chacun des « camps » campent sur leurs positions et s’épuisent en débat que je trouve stérile.
Mais de tout temps et dans tout système il y’a des abus. Pour revenir au monde réel, Fia-Net estimait qu’en 2012 les tentatives de fraudes à la carte bancaire s’élevaient à 1,7 milliards d’euros, mais on parle là de tentatives pas de réelles pertes (http://www.fia-net-group.com/fia-net-son-livre-blanc-certissim-2013-fraude-a-la-carte-bancaire-sur-internet/). Rapportons ça à un sujet plus commun qu’est l’assurance maladie. En 2011 un rapport parlementaire présentait des conclusions estimant la fraude à l’assurance maladie à 20 milliards d’euros ! (http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/06/21/la-fraude-sociale-evaluee-a-20-milliards-d-euros-par-an_1539033_3224.html). Et on ne parle pas de tentatives de fraudes, mais de fraudes « quasiment avérées ». On peut toujours tempérer cette estimation par celle de la cour des comptes qui ramène ce chiffre entre 10 et 15 milliards d’euros.
Où cela nous mènent ils ?
A prendre conscience de l’infiniment petit que nous sommes, mais comme les atomes, liés les uns avec les autres par ce média, nous pouvons faire de grandes choses. La prise de conscience de ce que nous vivons actuellement nous est offerte à bras ouverts par Internet sous peine que nous voulions bien y consacrer un petit quart d’heure par jour. C’est cette prise de conscience du système et du monde qui nous entoure qui sera probablement la clé de notre avancée vers demain, pas forcément pour nous, ni même nos enfants, mais pour les générations à venir, pour ne pas être dépassé par nos propres créations et l’immobilisme dans lequel nous nous confortons si aisément.
2 réponses à “Internet : outil de l’éveil de notre conscience”
Bonjour Nodashi,
Je suis tombé par hasard sur cet article traitant (sans vraiment sans rendre compte) de l’évolution de l’être humain, car oui, internet est une évolution autant qu’une révolution.
Loin de vouloir vous contredire sur chacun des points que vous avez traité, que je partage pour la plupart, je m’interroge sur l’avenir, sur ce que nous allons faire de cet outils extrêmement puissant, mais aussi sur ses travers, et sur nos erreurs possible.
Un exemple simple : tout ce savoir à porté de main, ne pensez vous pas que cela va inéluctablement nous conduire à nous reposer de plus en plus sur cet outils plutôt que sur notre propre savoir ? autrement dit, allons nous avoir accès à toujours plus de savoir, mais au final, savoir moins de chose, puisque aucune utilité à les retenir ?
D’autre part, si nous allons effectivement dans le sens de toujours plus d’internet, que se passera-t-il si demain, pour X raison, internet n’existe plus ? (je pense notamment à de violente tempêtes solaires, qui auraient pour effet d’endommager sérieusement l’ensemble des systèmes de communications terrestres et satellitaires ainsi que le réseau électrique).
En gros, plus d’électricité ni de réseau de communication…
Cela semble anodin, mais si l’on y regarde de plus prêt cela aurait d’énormes impacts sur notre civilisation, qui repose en majeure partie sur ces réseaux : l’économie des pays se trouverait totalement paralysé : pas d’électricité pour faire tourner les machines qui nous servent à produire… absolument tout ce que nous avons l’habitude d’avoir à porté de mains : nourriture, eau, vêtements. Plus de travail pour 80% de la population active qui dépendent de l’électricité, plus de lumière, de voiture, de micro-onde, d’appareil médical etc…
Reviendrons-nous à l’âge de pierre, ou pensez vous que l’humanité serait capable de surmonter cet immense retour en arrière ?
En ce qui me concerne, notre dépendance à ces énergies / réseau de communication me font relativement peur.
Bonjour Stéphanie,
merci de votre réaction. Pour ce qui est de ce savoir à porter de clic, nous savons d’ores et déjà que nous avons un biais cognitif, qui fait que l’on se souvient qu’on a vu l’information quelque part mais plus de ce qu’elle est. C’est le cas avec les définitions sur wikipédia. On se souvient qu’elle est sur wikipédia, mais pas possible de s’en souvenir. C’est tout un système qui est revoir à commencer par l’enseignement qui doit prendre en compte ce phénomène. C’est d’ailleurs choses faites au Brésil avec Lumiar (J’espère ne pas me tromper) une école, enfin une série d’école, qui remanie complètement la façon d’apprendre : http://www.ted.com/talks/ricardo_semler_radical_wisdom_for_a_company_a_school_a_life
Pour ce qui est de la dépendance énergétique mais surtout des réseaux informatiques nous avons eu un belle exemple il y’a quelques années avec une femme qui a coupé par mégarde l’Internet de l’Arménie et de la Géorgie, enfin une partie de la Géorgie : http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2011/04/08/01007-20110408ARTFIG00418-comment-une-grand-mere-a-pu-couper-l-internet-d-un-pays.php . Cet épisode, bien que marrant, met en évidence la fragilité d’un système.
Pour ce qui est de revenir à l’âge de pierre, je préfère ne pas y penser. Toutes les fictions qui ont été réalisé sur le sujet montre la décadence de l’espèce humaine. Je préfère croire que nous nous serrerons les coudes pour nous reconstruire. Mais il y’aura des abus à coup sûr comme dans tout système. Gardons espoir, tournons nous vers quelque chose de plus grand que notre seul petit confort. Inutile d’être altruiste, ne serait ce que de réellement dire merci aux gens importe et peut changer la donne. Mais nous rentrons dans un autre débat qui fera peut être l’objet d’une publication 😉